Kaya 2008 : Newsletter 2

Wed 09 July 2008

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Bonsoir à tous, voici quelques nouvelles du projet depuis jeudi dernier.

Pour reprendre là où l’on s’était arrêté la dernière fois, nous voici donc vendredi matin. On termine les derniers préparatifs dans les locaux, pour accueillir la future installation, pendant que d’autres partent avec le proviseur et Draman, afin de voir le camion qui sera utilisé pour le transport du matériel entre Ouaga et Kaya. Mais la matinée est vite achevée lorsque une « petite » averse pointe le bout de son nez. C’est quand même surprenant : en deux minutes, on perd dix degrés, le vent soulève le sable au point que l’on ait du mal à ouvrir les yeux, puis c’est le déluge. Pendant deux heures, la pluie inonde littéralement la ville. L’absence de réseaux d’assainissement efficace favorise l’apparition de torrents et de flaques. Ce qui est encore plus saisissant, c’est l’effet que ce genre de pluie a sur la population : tout le reste de la journée, tout fonctionne au ralenti. Cependant, on peut travailler dans des conditions qui sont pour nous bien plus agréables. Alors que les Kayalés sont frigorifiés : les bonnets et doudounes sont de sortie (bien que la température soit au moins de 20°). Une soirée une fois de plus très enrichissante et divertissante clôture cette journée, résolument fraîche.

Pour le début de notre premier week-end, le paysage au lever est saisissant : plusieurs femmes sont déjà au travail, et certaines parcelles ont déjà été entièrement labourées (à la bêche) devant notre logement… alors qu’il est 9 heures du matin. La fraîcheur du matin explique que la plupart n’attendent que la levée du soleil (soit 5 heures) pour aller travailler la terre. De notre côté, on profite de notre temps libre pour marcher jusqu’au lycée et entendre les très jeunes enfants crier « Nasara » (comprenez « Blancs ») à notre passage. Une fois de plus, les échanges avec les locaux sont extrêmement courtois et chaleureux. Si on s’arrêtait pour discuter avec chaque Africain que l’on salue, les 500 mètres entre notre logement et le lycée prendraient certainement une matinée entière. On profite d’une belle après-midi pour aller voir le barrage, et la « campagne » burkinabaise. Il est très difficile de décrire le paysage offert, tellement c’est magnifique et dépaysant (on joindra à la prochaine Newsletter quelques photos de ce paradis). Un peu plus loin, on prend enfin de la hauteur en se promenant sur les collines environnantes afin d’admirer le panorama. Une fois de plus, extraordinaire. Le plus saisissant, c’est que les terres sont cultivées à perte de vue, au beau milieu de zones vides d’habitation.

Après une belle soirée (une fois de plus), nous nous laissons guider, dimanche matin, dans le marché par Pélé et Hermann. Il se divise en deux zones : une couverte, appelée « hall des artisans » mais que l’on peut très bien traduire par « coin des touristes ». Les produits proposés (essentiellement de la maroquinerie, des décorations et des bijoux) nous sont très gentiment proposés par les vendeurs kayalés à des prix… « légèrement » supérieurs à ceux normaux. On marchande comme on peut, mais il faut parler longtemps, très longtemps pour arriver à faire baisser les prix de quelques centaines de francs CFA (soit quelques dizaines de centimes d’euros). Même si les prix sont dérisoires, nos amis burkinabés explosent de rire quand on leur annonce les sommes auxquelles les objets nous ont été cédés… Peu importe, on reviendra ! L’après-midi, on s’échappe encore une fois de la ville pour aller admirer ces paysages grandioses et profiter du coucher de soleil. Encore une fois, un tel spectacle n’a pas de prix. Il n’y a aucun bruit, seulement les sifflements de quelques oiseaux exotiques et les cris des derniers enfants encore dans les champs.

Retour à la réalité, derniers préparatifs avant les formations théoriques qui débuteront le lendemain matin. Apparemment, les jeunes Kayalés sont venus s’inscrire en masse pour participer à nos cours… On va enfin pouvoir donner de l’aide à cette population ! Mais la matinée est surtout marquée par la visite chez le chef du canton avec le proviseur, Draman et Moussa, président de l’Association des Parents d’Elèves. Ce personnage est très certainement le plus influent sur toute la ville de Kaya : c’est le chef coutumier, celui qui fait en sorte que la culture et les coutumes burkinabaises soient respectées. C’est surtout lui que l’on vient consulter, lorsque des décisions importantes doivent être prises (même le maire s’en remet à lui pour certains domaines). Là encore, on est très impressionné dès notre entrée dans son « palais », comme il le nomme. Il est assis dans un fauteuil imposant, tout le monde a énormément de respect pour lui, même son « valet » (ou bien « premier ministre »), bien qu’âgé d’au moins quarante ans de plus et assis par terre, à côté du fauteuil. Vu d’un œil « européen », on aurait tendance à prendre cela pour de l’abus de pouvoir, et chaque « service rendu » au nom du « chef » comme une forme de corruption. Mais il faut admettre la chose suivante : cela a toujours fonctionné ainsi en Afrique, et de manière très efficace. Avant que le colonialisme n’intègre les administrations, tout fonctionnait ainsi. En voulant leur imposer notre mode de démocratie, on a déréglé pas mal de choses… Sans vouloir nous prouver que l’Afrique est en retard à cause du colonialisme, Moussa nous a ouvert les yeux, une fois de plus, sur le problème africain et notamment ses origines. C’est peut-être ça aussi, le but d’une mission humanitaire : découvrir d’autres cultures, d’autres sociétés, et gagner en ouverture d’esprit.

Et après avoir fini de préparer les cours lundi, nous sommes rentrés dans le vif du sujet mardi matin. C’est certainement par les situations les plus délicates que notre travail a démarré : faire comprendre (et surtout intéresser) à un enfant de 6ème, n’ayant jamais vu un ordinateur, ce qu’est un PC. Finalement, tout s’est très bien passé : les jeunes locaux sont très intéressés, et nous avons enfin l’impression d’avoir rendu quelque chose à la population burkinabaise, après tout ce qu’ils nous ont offert. Cela nous donne encore plus d’idées et d’entrain pour les sessions suivantes. Puis, nous allons visiter durant l’après-midi la laiterie, où trois Françaises sont également en mission. Vous vous en doutez, les travailleuses Kayalées nous accueillent une fois de plus très chaleureusement et nous font goûter les délicieux yaourts préparés avec l’aide de « nos sœurs », comme elles les appellent. Pas de doute, elles ont gagné quelques clients.

C’est ici que s’achève cette Newsletter. On en profite pour vous dire que tout va bien (santé – même si quelques mets locaux nous ont (enfin ?) donné un peu de fil à retordre – moral et motivation, tout est au top). Nous tenterons, si la connexion le permet, de vous faire parvenir quelques photos de notre périple la prochaine fois !

Bill Fou ! (A très bientôt)

L’équipe d’Afric’Edu
KAYA 2008

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