#12 - 8 juillet ... Une news longue mais trop courte pour décrire ces 24 heures...

Thu 16 December 2010

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Au matin du jeudi 8 Juillet Ousmane vient nous chercher.

Nous partons pour 2 mariages, ceux de ses 2 frères, dans son village d’origine.

On prépare de l’eau, des jus. Là-bas on ne pourra pas en acheter… On prend un bus vert pour y aller : 40 bornes ! En « Bus vert » c’est très long. Très…

En route on passe par 2 3 « péages » à la sortie de Bamako. Des flics, qu’il faut payer si on veut passer.

Arrivée au village on salue tout le monde. On est loin, très loin de Bamako. Les villageois nous accueillent avec les chèvres, chiens, petits cabris, poules… Les maisons sont en terre. L’électricité est ici un panneau solaire et l’eau ? L’eau c’est un gros trou. Profond. Sombre. Où on vous dit « attention » quand vous vous rapprochez. L’eau c’est les puits et les seaux.

Après un rapide tour du village on boit un coup avec tout le monde. On rencontre la grand-mère de Ousmane, elle est ravie, ne parle pas un mot de français, nous entame un petit chant et dit que nous sommes tous ses maris ! Elle se laisse même filmée en chantant, puis c’est autour des gamins autour de nous de remplis la cassette de la caméra. Ils se présentent à nous.

On nous invite ensuite à célébrer le mariage à la mosquée. D’abord un peu gênés nous sommes très bien accueillis. Ils nous font entrer dans les murs de la mosquée sous un toit de paille. Assis parmi eux sur des tapis, aucune femme. Sauf celles d’Afric’Edu. Les mariés ne sont pas présents. Etrange pour nous. Mais on célèbre bien le mariage.

L’Imam, petite silhouette dans son habit blanc, lunette de soleil sur le nez semble avoir 100 ans. Il est petit et parle doucement, assis en tailleur au milieu des autres. Un jeune traduit de l’Arabe au Banbara et sert en même temps de microphone. Eclat de rires. Que se passe-t-il ? On nous explique qu’il n’a pas su traduire alors il demande à tous d’un ton rieur de bien écouté l’Imam. L’ambiance est très détendue, amusée. On nous offre ensuite la cola. C’est la graine renfermée dans le noyau du fruit « Cola ». Utilisée dans… Le Coca-Cola… Oui oui !

Bref, la cola c’est le signe qu’on est les bienvenus… Un goût très amer. On en mange pendant les offices religieux, ici en tout cas.

Après la célébration religieuse des mariages on passe à une activité très importante ici aussi. J’ai nommé… Le Foot ! (cool, pas besoin d’explications…) Sur un grand terrain en terre, ou les cages sont faites de deux bouts de bois et d’une corde en guise de transversale nous allons jouer contre les habitants du coin. On fait un 11 contre 11 (il me semble) et des villageois complètent notre équipe. Tout est la, l’arbitre, les entraîneurs (le notre s’appelant Ousmane) et les joueurs donc. Et c’est parti pour un foot en plein soleil, en tong et espadrilles. Tout le village est venu voir ça, les toubabous (nous, blancs) contre les villageois : 150 spectateurs dont 100 gamins surexcités.

Raoul joue sa star et fonce dans le tas. Rom nous tape un grand dribble en défense pour ressortir la balle jusqu’au milieu de terrain… C’est beau… Qu’est ce que ça joue bien…

Bref.

On se prend 3-0 au bout de 2 mi-temps…

Mais les maliens ont cette joie de vivre et de nous rencontrer qui fait qu’on a droit à une séance de tirs au but pour nous « départager ». Tout le monde est là, tout le village, autour de la cage, sur les côtés, collés au poteaux, derrière, on a à peine un couloir pour tirer ! Etant une quille au foot je tiens à préciser que je l’ai mis mon penalty… Alors que j’étais premier à tirer hein… Rom a trop ouvert son pied… C’est les gamins sur la droite qui ont arrêté la balle… Malgré eux… Burno nous offre lui une lucarne splendide. Mais on perd aux tirs au but aussi.

Crevés et trempés de sueur on va pouvoir profiter d’une douche… à l’ancienne.

Tour à tour on va chercher un seau d’eau que des femmes nous préparent, on va ensuite « dans la douche », un muret d’un mètre vingt, en cercle, avec un trou au milieu. Hop, à poil et on se lave à l’eau. Se vider le seau sur la tête est un plaisir sans commune mesure… Assez fou de voir qu’un simple seau d’eau fraîche apporte tant de bien-être…

Au loin on observe une butte… Le genre de butte qui donne envie d’aller dessus. Le soir tombe, Ousmane nous explique qu’il y a trop de reptiles à cette heure-ci, on ira demain…

Alors on part manger. Au menu, To avec sauce. On mange parterre, à la main (droite) avec tout le monde. N’oubliez jamais que la main gauche sert ici à remplacer notre Moltonel national… La nuit tombe (…incroyable…) et le meilleur indicateur de cet étrange phénomène, hormis le fait que l’on ne voit plus rien, est le ballet des poules qui l’une après l’autre brûlent leurs calories pour se réfugier dans les arbres… Histoire de pas finir dans l’estomac d’un quelconque truc du coin.

Les poules ont ouvert la danse. Ca va être à nous, en avant pour la soirée. DJ, groupe électrogène et gros son en pleine savane, danse des villageois, puis nous qui dansons, tout le monde nous laisse danser en nous entourant, on préfère être 100 que 12, alors on invite les gamins, intimidés au début, grands sourires ensuite. Tous autour d’eux, ils dansent à « l’européenne ». Ousmane lâche cette phrase, innocente : la fête commence vers 18h et fini vers 6h du matin !

Il est 21h30, on est séché… il va falloir tenir ! Les danses se succèdent sans cesse. Les quelques néons attirent toutes sortent d’insectes, dont une superbe menthe religieuse de la taille d’un avant bras de bébé ! (avec l’accent marseillais, « elle a bouffé un gosse devant nous, con ! »).

23h30 : première vague de « couchage ».

On arrive à la « maison » mais insectes… Grillons, blattes, et on a pas de lit, c’est par terre, et il fait 40 a l’intérieur.

Couché et immobile on transpire à grosses gouttes. Normal.

 

Vers minuit, quelques uns se calent dedans. Pour d’autres c’est banc et chaise à l’extérieur. En espérant que les chiens errant errent bien et ne s’arrêtent pas vers nous.

 

Trop mal calé, je me réveille vers 1 heure et me rappelle cette vision de fou. Est-ce que je rêve ?

Cette silhouette noire haute comme trois pommes qui se détache de la lumière blafarde de l’intérieur d’une « maison ». Il ? Elle ? Me regarde, à 1 heure du matin, immobile.

Des odeurs de toutes sortent se mêlent à celle du sable flottant dans l’air.

Je me pince. Je suis bien là… Merde alors. Je me rendors.

 

 

2 minutes plus tard c’est Ousmane qui vient nous chercher comme promis.

Le Spectacle des Balafons commence…

Les balafons, sortent de xylophones géants placés au-dessus de caisses de résonance en formes d’œufs allongés qu’on aurait mangé à la coq, en retirant juste le petit dôme du dessus sonnent au rythme des coups des musiciens. Les danseurs arrivent, déguisés en esprits, sûrement, et assez effrayants. Tout le village est encore là pour ce spectacle, petits comme grands, il est 1h30.

S’ensuivent des danses ensorcelées, mélange entre danse de sorcellerie autour du feu et hip-hop de haut niveau. C’est très impressionnant.

 

Quel spectacle !

 

 

 

Après ces émotions la fête continue… mais nous repartons dormir vers 2h30, Sabrina, Rom et moi dehors, les autres, plus courageux, dedans.

Nous nous laissons bercer par les cris des chèvres, les bruits mates des os d’une carcasse contre les dents des chiens et au loin, les flashs irréguliers d’un superbe orage.

 

 

 

Le lendemain dur dur le réveil. Nous avons tous fini dedans, sur le sol, pour cause de pluie.

Heureusement le petit dej’ arrive… Gigantesque, que dis-je, gigantissime omelette, salée comme il faut, dans du pain. Plus thé pour certains, et, pour la première fois de notre séjour, du café… Avant même de l’avoir goûté les effets excitants de la boisson nous envahissent… On va pouvoir boire du café !

On déchante vite… c’est clair… Le pire café jamais bu pour ma part… Pire que celui des ‘ricains !

Mais on ne va pas se plaindre, le soleil se lève, on est en pleine savane, dans un village fait de bambous et terre cuite… C’est amplement suffisant à créer cette chose qu’on appelle « bonheur ».

 

 

Nous partons ensuite pour une balade. Cette butte vue la veille pendant la douche, on va enfin pouvoir y monter…

Nous partons avec des gens du village, Ousmane en tête. Nous grimpons quelques mètres et nous n’arrivons pas en haut d’une bute non, mais sur un vaste plateau.

Bienvenue mes amis dans ce que l’on appelle « la savane arborée ». Un petit tapis d’herbe et de petits arbres à perte de vue. D’anciennes fourmilières ou termitières que sais-je, trônent, abandonnées de leurs bâtisseuses et durcies par le temps, au-dessus de ce paysage de reportage sur la 5.

 

On se retourne et nous surplombons tout le village, au loin des collines verdoyantes et d’autres plateaux. Que c’est beau… Vous qui nous lisez j’espère arriver à vous transmettre ne serait-ce qu’une pincée de la beauté de la scène. C’est somptueux.

 

Quelques photos et discussions et il faut repartir. Un bus va venir nous chercher bientôt au village…

 

 

Nous saluons tous les anciens avant de repartir, ils ont l’air très heureux de nous avoir rencontré, comme tous les habitants d’ailleurs. Nous le sommes aussi heureux. Nous venons de vivre 24 heures incroyables, de merveilles et d’ouverture d’esprit.

 

Merci Ousmane, merci l’Afrique.

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